La responsabilité militaire pendant la guerre: protection des droits.

A la lecture de cette déclaration, le REPED est pour encourager les parties impliquées dans les conflits en RDC de choisir l'option qui rassure le respect, la protection et la promotion des droits humains.
DÉCLARATION AUX MÉDIAS: (FR/EN): Session spéciale sur la situation des droits humains dans l’est de la République démocratique du Congo
Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Volker Türk
Conseil des droits de l’homme
Session spéciale sur la situation des droits humains dans l’est de la République démocratique du Congo
Genève, 7 février 2025
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre de la Communication de la République démocratique du Congo,
Excellences,
J’ai suivi de près la situation des droits humains en République démocratique du Congo depuis des années, et ça m’inquiète énormément.
Je suis allé à Goma au moins 5 fois auparavant dans d’autres fonctions. Lors de ma visite au pays en avril 2024, j’ai rencontré des victimes de ce terrible conflit. Parmi elles, il y avait des femmes qui avaient subi des violences sexuelles.
Ça fait longtemps que mon Bureau tire la sonnette d’alarme à l’égard de cette crise.
Je suis profondément perturbé quand je vois cette escalade de violence encore une fois.
Depuis le début de l’année, le groupe armé M23, soutenu par les Forces rwandaises de défense, a intensifié son offensive dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. En ce moment, les tensions augmentent dans le Sud-Kivu.
Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’est, mais aussi au-delà de la RDC.
Il y a eu des attaques par le M23 et leurs alliés, des armes lourdes utilisées dans des zones peuplées, et des combats intenses avec les forces armées de la RDC et leurs alliés. Tout cela est gravement préoccupant quant au respect des droits humains, et du droit international humanitaire et je condamne toutes les violations et abus.
Encore une fois dans ce conflit accablant, les civils sont pris au piège de la spirale de violence.
Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessés. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés. À Goma, le 27 janvier, deux hôpitaux ont été bombardés, tuant et blessant plusieurs patients, y compris des femmes et des enfants.
Je suis horrifié par la propagation de violences sexuelles, qui sont un élément effroyable de ce conflit depuis longtemps. Ils risquent de s’aggraver dans les circonstances actuelles. Selon des autorités judiciaires, lors de l’évasion massive de la Prison de Muzenze à Goma le 27 janvier, au moins 165 prisonnières ont été violées. La plupart d’entre elles auraient été tuées par la suite, dans un incendie dont les circonstances restent floues. Par ailleurs, mon équipe est en train de vérifier multiples allégations de viol, de viol collectif, et d’esclavage sexuel à travers les zones de combat.
Des centaines de défenseurs des droits humains, de journalistes et de membres de la société civile ont signalé à mon Bureau qu’ils sont menacés ou recherchés par le M23 et les forces rwandaises. Nous avons aussi facilité la protection d’autorités judiciaires en danger.
Je suis également très préoccupé par la prolifération d’armes et le risque élevé de recrutement et de conscription forcé d'enfants.
Selon les principes de diligence raisonnable, les pays doivent s'assurer que tout soutien financier ou autre, n'alimente pas la commission de graves violations des droits humains.
Il faut aussi combattre la corruption au sein des institutions de l'État, les rendre efficaces, et rétablir la cohésion sociale dans le pays.
La liberté de la presse et l’espace civique doivent être préservés. Les discours de haine et autres incitations à la discrimination et à la violence alimentent le conflit et les tensions politiques. Ils sont totalement inacceptables, et on doit trouver des moyens pour les affronter. J'appelle les responsables politiques et communautaires à jouer un rôle positif dans la promotion de la cohésion sociale.
Excellences,
Le peuple congolais souffre des horreurs depuis des décennies. J’exprime mon entière solidarité avec les victimes, les familles et les défenseurs des droits humains.
Combien d’innocents doivent encore perdre leur vie, pour qu’enfin on puisse voir naître une réelle volonté politique pour résoudre cette crise ?
Il est de toute urgence pour tous les acteurs impliqués avec influence d’agir pour mettre fin à cette situation tragique.
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